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Le numérique : pas si vite  !

Compte rendu de Paris + et AKAA Paris 2023 

par Ekin Akalin 

La FIAC, la foire d’art 100 % française, a disparu de la scène artistique il y a deux ans. La légendaire foire Art Basel, qui s’étend aujourd’hui sur quatre villes et trois continents, l’a remplacée. D’après les coulisses, ce changement serait lié au mécénat d’Art Basel dans la restauration du Grand Palais.

Cet article propose une lecture des tendances du marché de l’art en 2023-2024 à partir de l’analyse des données de Paris+ et de l’AKAA, foire spécialisée dans l’art contemporain africain, qui a eu lieu au même moment, au Carreau du Temple.

En 2023, Paris+ a accueilli 154 galeries et 38 000 visiteurs, un chiffre en deçà des attentes. Cela est peut-être dû au contexte de guerre au Moyen-Orient, qui a vidé les foires de leur public habituel, ou bien à une programmation plus courte, avec une fréquentation journalière plus dense. Le style général de l’exposition était très espacé et épuré, contrairement à celui de la FIAC.

Dans un premier temps, les deux foires avaient un point commun étonnant : la présence massive de la peinture sur toile, représentant environ 80 % des œuvres. La place minuscule accordée aux médias numériques, y compris aux NFT — malgré leur envolée en 2021 avec une vente à 5 millions de dollars chez Sotheby’s lors de l’exposition de Refik Anadol — montre que ce marché cherche encore sa légitimité sur la scène artistique.

La tendance marquante d’AKAA était l’explosion de la couleur. Un foisonnement de toiles aux teintes vives caractérisait cette foire dédiée à l’art contemporain africain, avec une majorité d’œuvres figuratives représentant des figures noires — masculines ou féminines — en format portrait.

Du côté de Paris+, la forte présence des maîtres de l’art moderne montre que ceux-ci occupent toujours une place centrale sur le marché. C’est d’ailleurs une critique qui était déjà adressée à la FIAC. Parmi ces maîtres figuraient notamment un grand Picasso de la période cubiste (20 millions), une nature morte de Braque (4 millions) et une toile de Dubuffet (23 millions). Rothko, actuellement à l’honneur à la Fondation Louis Vuitton, était aussi présent (40 millions), tout comme Soulages (2 millions), disparu l’année dernière.

Par contraste avec la place marginale du numérique, une tendance inverse — le retour à la matière — était très visible dans les deux foires. Qu’il s’agisse de textile, de céramique, de plastique, de bois ou de béton, environ 20 % des œuvres jouaient avec la matérialité et l’espace.

Mon coup de cœur des deux foires était une sculpture de la galerie sud-africaine SMAC. Intitulée Izinyathelo Zabagcotshiweyo, la pièce maîtresse (14 000 €) de l’exposition de l’artiste Simphiwe Buthelezi partait des couches de tankrali (anciennes perles zouloues). L’usage de techniques mêlant tressage, tapisserie, sculpture et peinture, à travers des matériaux organiques tels que le bois et le tankrali, servait un imaginaire spatial jouant avec la sensation du mouvement.

Fondée en 1974 dans l’ancienne gare de la Bastille, la FIAC — désormais remplacée par Paris+ — avait été critiquée pour son manque de contemporanéité. En partie motivé par le soutien à de grands chantiers publics, le passage sous direction suisse semble avoir entraîné une vague d’internationalisation. En revanche, le public parisien reste encore relativement conservateur dans ses choix artistiques.

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